Etape 18 - Cherating - A la découverte de la mangrove
Mardi 15 juillet. Temps maussade ce matin. Décidément, les choses ne s'arrangent pas. Cherating, village maudit. Quant à l'hôtel, il sonne toujours désespérément vide. Allez zou, on se donne du courage et on fait un petit plongeon dans la piscine et quelques brasses pour se dégourdir les jambes. Vers 14 heures, on se débrouille enfin à quitter l'hôtel, direction le village où une belle balade à travers la mangrove*** nous attend. Après un bon déjeuner dans une des paillotes chinoises qui font face à la mer, on se rend donc chez Hafiz***. Un quart d'heure encore à attendre avant de grimper à bord des embarcations qui doivent remonter le cours de la rivière. Du coup, je cours voir Yaya à la Padung guesthouse. Yaya est le monsieur "touring operator" de Cherating. Un type génial. Aussi sympa que peuvent l'être les Malais quand ils décident de se couper en quatre pour te rendre service. En deux temps trois mouvements, Yaya nous organise notre transfert le lendemain pour l'île Tioman, via Kuantan et Mersing où on devra prendre le ferry. Ce type est vraiment trop gentil. Pour le récompenser de ses efforts, je décide de le prendre en photo. De quoi rendre heureux Yaya qui en retour va chercher son appareil. Photo-souvenir avec Yaya.

De retour chez Hafiz, on nous fait embarquer directement sur des bateaux à moteur. Au menu : une heure de croisière à travers la jungle et la mangrove***. Autant le dire tout de suite : un moment inoubliable. De la poésie à l'état brut qui me fait penser aussitôt aux meilleures scènes de la Nuit du chasseur, quand les enfants pourchassés par Robert Mitchum remontent le cours du Mississipi. Pas de prédicateur fou ici, mais le simple plaisir d'être à bord de ces barques qui se frayent un passage entre les racines géantes des palétuviers qui plongent dans les eaux marécageuses de la rivière. Sur les branches des arbres, c'est justement un festival : quelques boas jaune et noir entortillent leur corps aux branches des manguiers. Plus loin, c'est un varan qui allonge son corps de gros lézard sur une énorme racine en quête de proie. Depuis la rive, des enfants torse-nu nous saluent en jetant sur nous des regards étonnés. Passé l'entrelacs des palétuviers, on s'enfonce dans un bras plus sinueux encore de la rivière. Partout, la végétation s'entremêle et se mélange dans une lutte sans fin pour la vie, la lumière du soleil filtrée par les feuilles géantes des bananiers. En plus des serpents et des varans, on peut aussi voir des loutres et de nombreux oiseaux... sans oublier les macaques et les gibbons qu'on aperçoit sauter de branches en branches. Bref, cet environnement de mangrove d'une envoûtante étrangeté me rappelle les marais de Floride... sans les alligators bien sûr !
Au bout d'une heure, il est grand temps de rentrer. Demi-tour toute. Notre guide force un peu l'allure et des vagues se forment à la surface de l'eau. Rien à voir tout de même avec les fameux "air-boat" de Floride... En revenant vers la lumière et le soleil qui a fini par percer la croûte blanchâtre des nuages, le fleuve s'éclaircit et se couvre de couleurs. Reflets éphémères des bicoques en bois qui poussent le long des rives. Cet endroit dégage une impression de beauté mystérieuse. J'adore.
Vers 18 heures, il est grand temps de partir. Les rues de Cherating sont toujours aussi désertes. Quelques touristes égarés, aussi étonnés que nous de cette impression de ville abandonnée, jettent des regards désespérés vers les boutiques de souvenirs. On rentre, j'ai faim, et j'ai un milliard de photos à traiter pour alimenter ce blog... Demain, direction Mersing et l'île Tioman.


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